Ca y est. Cela m’a pris du temps et de l’effort, mais j’a fini par achever la lecture de « Chimères Noires », plus laborieuse c’est vrai que celles de deux autres titres fétiches –Les Centurions et Les Prétoriens- de la trilogie de légende -du non moins légendaire auteur, Jean Larteguy-, que j’avais devorés, c’est vrai, d’un coup, beaucoup plus jeune également. L’Algerie (francaise), c’est aussi vrai, m’était plus proche que le Congo belge duquel, pour paradoxal que cela puisse paraître, m’a rapproché –sans le voir venir, du tout- cette lecture parfois ennuyeuse, parfois –sans solution de continuite- vraiment passionnant à la fois. Le Congo, autant dire la Belgique, pour l’Espagnol expatrié auteur de ces lignes. Car cet ouvrage aura agit sur moi comme une sorte de puissant révulsif. Et c’est qu’à force de voir défiler l’un derrière l’autre, comme des vrais pantins ou des marionnetes, les Belges là-bas, et dépeint leur rôle –colonisateur- sous les plus noires couleurs, un sixieme sens, -d’espagnol et européen- s’est éveillé chez moi qui m’a fait conclure à l’exageration et démesure et parti pris chez un auteur que j’avais pourtant pris jadis pour modèle de romancier et pour repoussoir à la fois de la Bien-pensance (européene). Car ces petits (blancs) belges n’etaient pas somme toute si petits, et ils n’étaient pas si peu a la hauteur du plus grand pays de l’Afrique (surtout de l'Afrique noire). Car si l’indépendance de l’ancienne colonie belge mit le feu aux poudres dans le champ des relations internationales d’une facon aussi traumatisante et sensationnelle que l’accouchement d’une bête sauvage, cela ne prouve que la taille de l’enjeu d’alors, rien d’autre que celui de râvir ce grand pays africain au plus petit pays, ou a l’un des plus petits pays d’Europe. Larteguy centre son récit sur l’un des episodes les plus pîteux, d’un point de vue, de cette page de l’histoire de la décolonisation que fut la sécession katangaise, la plus pittoresque et haut en couleur néanmoins, sur un autre point de vue, qu’aura valu cette piece de litterature hors-pair que nous commentons ici, et qui aura pointé toute une serie des figures dont on dirait qu’elles sont en train de se balancer –au fil du récit- entre la fiction et la réalite historique, entre le personnage et le protagoniste. Des Francais et des Espagnols au premier plan, et juste un peu derrière eux, en deuxième plan aparemment, aussi des Belges (principalement de l’Union Minière), ayant atteint un nom ou un profil (vrai) ou noyés dans la masse anonyme de ces pauvres mercenaires (affreux), de plusieurs nationalités confondues, mais dont la plupart –une donnée incontestable- était également des Belges. Larteguy fait dire à la fin de l’ouvrage à Kimjanga, chef fantoche du Katanga indépendant -au nom d'emprunt-, que les mercenaires n’auront jamais été qu’un petit détail (sic) dans l’affaire de l’indépendance congolaise, éveillant ainsi des comparaison (facheuses) avec d’autres détails de l’Histoire contemopraine, dont ils se souvienennent tous,ici. N’empêche, ils forment la colomne vertébral du récit, et ne cessent de nourrir l’attention –et l’imagination- des médias depuis. Pour rappel, des « Katangais » se firent appeler les insurgés –mêlés a la masse d’etudiants sans en faire partie du tout nonobstant- qui se rendirent maîtres de la Sorbonne au journées les plus chaudes et aux moments les plus algides de Mai 68, des soldats de fortune (di ventura), mercenaires, des "affreux", qui venaient de là bas –comme Francois Duprat, leader d’Occident- certain d’entre eux. « C’est un mot (celui de mercenaire) qui me colle à la peau, que je desteste, pour ce qu’il représente dans l’esprit des gens : un individu sans foi ni loi, prêt a se vendre au plus offrant, détruisant tout sur son passage, méprisant les poulations qu’il est amené a cotoyer. La vérité est bien loin de ca », déclarait lors de l’un de ses innombrables procès, le mercenaire peut-être le plus mediatisé de tous, ces dernières decennies, Bob Denard, "fin stratège" aux dires de ses plus directes rivaux. Un autre, anglais, de son nom d’emprunt –et de guerre- Max de Kermorvan, que j’avais connu lors du programme de reality show de TF1 où j’intervins cela fait quelques années, vint me serrer la main le plus chaleureusement du monde –comme mon frère, comme un grand ami- dans les coulisses du plateau de TF1, après l’intervention de chacun de nous, où nous avions livré nos témoignages respectifs. Là où j’avais raconté et expliqué mon geste de Fatima, et la où il avait livré un recit encore chaud et croustillant d’un putsch raté au Bénin, d’où il s’étaient sauvé de justesse, réussissant à gagner la rampe de l’appareil militare –en train de décoller- qui les avaient amenés, lui et ses compagnons d’armes, dans cette equipée tournée au fiasco le plus fracassant et qui faillit lui coûter la vie d’ailleurs. L’effroi dans son regard encore. Comme mon frère, ainsi j’avais ressenti ce serrement de mains : voilà qui est dit. Une autre figure haute en couleur et rigoureusement historique, survole le récit de Larteguy, et c’est celle du belge Jan Schramme –de Bruges- le légendaire chef du batallon Léopard (voir photo), dernier des mercenaires ´-du dernier carré- et grand condottiere (belge), celui qui avait fait du Congo son pays, qui méritait de donner sa vie pour lui, comme il sut le prouver. Quoi donc de ce que déclare –« Les belges ne sont pas capables, lorsque on aime une ville (Leopoldville), de mourir pour elle comme on aime une femme »-, l’un de principaux personnages du roman, le colonel Jean Marie de la Roncière, le chef des "affreux" ? Pas si affreux que ca, finalement.