vendredi 10 septembre 2021

"POUR QUOI L'EMPEREUR S'EST-IL FAIT HOMME?

 

"Onoda", un film culte. et incorrecte (oh divine surprise!) à la fois. Ou l'on registre, vue d l'intérieur, l’Odyssée du Japon, de l'une des grandes puissances vaincues dans la Seconde Guerre Mondiale. Ou dans d'autres termes, où l'on vient dévoiler (à la surprise générale) le fondement religieux du fascisme japonais, rien d'autre que la religion de l'honneur, celle du code samouraï, et ceci depuis les plus hautes sphères du commandement (du Haut État Majeur) jusqu'au recrues les plus jeunes de l'Armée impériale, tels que le jeune personnage héros de ce film ayant eu droit à un grand prix au Festival de Cannes et devenu entretemps un succès foudroyant à niveau mondial. Le Japon ou l'honneur des vaincus, un pays qui a de religion nationale  le shintoïsme, une croyance religieuse -donnée tout sauf banale- qui n'est pas comme toutes les autres -comme celles qu'on étudie dans l'histoire des religions plus particulièrement- car elle n'est qu'un simple culte païen, de la terre, du sang (versé) et des morts de l'histoire nationale, qui fait irrésistiblement penser au paganisme européen d'avant le judéo-christianisme (comme par hasard) Et c'est ce qui explique suffisamment la censure (sic) dont cette religion semble faire l'objet (ma foi) dans les programmes d’études de cette direction, en Belgique par exemple, n'allant pas plus loin (....) 

Ce qui explique peut-être en partie également l'attitude de mise en garde, celle des auteurs des critiques dans certains médias qui veulent y voir  -dans ce refus obstiné du sous lieutenant japonais de croire a la Défaite-, un tourner le dos obstiné et révoltant puisque irrationnel au Monde et à la Réalité, accusation majeure dans ces temps marqués par la psychose anti-complotiste ou complotiste tout court (cela m'est égal) Des médias qui (en guise d'aveu) reconnaissent a leur corps défendant l'impression qui s'en dégagent à la fin du film, celle de sérénité. 

Drôle d'aveu ma foi, et c'est celui d'un mal de civilisation -"un héritage de manque de sérénité dans le champ des relations internationales"-, que certains -comme l'auteur de la citation, l'allemand Joschka Fischer d'étiquette écolo (et hors donc de tout soupçon)- croient pouvoir dater au siècle avant-dernier, au fil des révolutions qui s'y succédèrent dans les pays européens et en particulier celle de 1848, "le printemps des peuples" Le calme avant l'orage. Tout se tient, ma foi (....) 

Pas banal donc dans ce contexte l’engouement de l'opinion -et l'accueil d'apothéose- dont le sous lieutenant fut l'objet a son retour au Japon. Au point qu'on va jusqu’à conclure qu'il aurait gagné a lui seul la guerre du Pacifique (pas si insensé de dire que ça) (...)

Un phénomène déjà connu me rétorquera-t-on, et pas qu'au Japon, au Brésil par exemple, pays de forte immigration japonaise, ou l'on est allé jusqu’à se battre pour cette question, où les "nisseis" (immigrés japonais au Brésil) de tendance nationaliste refusant de croire a la défaite pourchassaient ceux qui obéirent et prêtèrent leur foi au résonnant message de l'empereur Hiro-Hito enjoignant le peuple japonais a la reddition. 

Survivance de la religion de l'honneur qu'illustre également dans sa vie et dans sa mort Jukio Mishima, de par son geste et l'un de ses poèmes. Un haïku, comme ceux qui nourrissait la foi obstinée du jeune lieutenant dans le film que nous abordons. "Pourquoi l'Empereur s'est-il fait homme?". Voilà la question (...)