Bernard Tapie est décédé. Le monde, n’empêche, continue a tourner quoi qu'il en soit, et quoique le tapage médiatique tout autour de la nouvelle de son décès, veuille nous faire croire. Et probablement je ne lui aurai pas consacré ni une minute de mon temps ni les pages de ce blog, si je ne venais tout juste de voir un film passablement déroutant où sa figure et son portrait et sa trajectoire se dessinent en toile de fond. Un film moitié drame du genre roman noir, moitié vaudeville, qui a le milieu marseillais de haut motif d'inspiration (....) Marseillais, Bernard Tapie, lui aussi. Marseille?, je ne connais pas, je veux dire je la connais seulement en passant et en bref sejour chez la famille -des gens parfaitement dignes et honnêtes, voire exemplaires, mais vraiment-, de certains de mes confrères du temps de mes années au séminaire d'Ecône. Une race -celle des tradis (cathos)- en pleine voie d'extinction (sur toute l'étendue je veux dire de la géographie française)? (je me demande en passant) "Le milieu" par contre ne m'est pas inconnu tout à fait. De mes années de cohabitation forcée avec le sous-monde ou microcosme de la marginalité, savoir de la plus haute criminalité comme celui de la commune délinquance (en Portugal) Pas vraiment intéressant -et nullement beau à voir- ni de quoi faire un film ou un roman. Conscient tout de même du défi (enaurme) -de civilisation- auquel je fais front en écrivant cela. Défi idéologique en ce qui me concerne, pour commencer. Sociologique ou socioéconomique a la fois, car ce n'était (je conclue maintenant) l’énigme auquel je me vis alors confronté que la version noircie ou aggravée du défi qui nous pose individuellement comme en société- l'énigme de la lutte de classe.
Et Bernard Tapie vient encore d’être l’illustration parfaite de tout cela. "Tu seras toujours pauvre parmi les riches", lui débita brusquement une connaissance ou amitié dans le monde du show business, qui a entendu devoir le rappeler maintenant, à l'heure du décès de son interlocuteur, passablement énervé en entendant ceci l’intéressé, ce que l'autre n'aura pas caché non plus maintenant. Un super voyou, de gauche cela va de soi, l'ancien ministre de Mitterrand qui fit de l'antifascisme le fond de commerce de son discours et de son message (et son pied de nez à la société des personnes normales) pour compte bien entendu de Jean Marie Le Pen et de "son" Front National. Comme s'il y avait la bonne et la mauvaise pègre, celle de Marseille (savoir celle de la Résistance), et celle de Paris -quelle légende!- de la rue Lauriston.
Pris de la fureur de vivre comme on écrit à sa louange, ou de la fureur tout court, je dirais plus tôt (toujours avec du respect) La marginalité et la Bien-Pensance, d'atomes crochus, ce que le phénomène Tapie m'inspire, et ce fut cela justement le cocktail explosif derrière les barreaux, savoir le décor de toutes mes années passées là-bas qui me gâchèrent convenablement l'existence , et qui furent vraiment pour moi un descensum ad inferos, de par la descente (sociale et d'autres points de vue, traduisant la perte de liberté), et de par son coté (proprement) infernal à la fois. Mais ils ne risquent pas de m'avoir, non, car moi espagnol je n'aurais pas eu la bêtise de lui confondre, lui, aussi marseillais et aussi "peuple" soit-il, avec la France, même au risque de tomber sous le même reproche de certains -celui d'aimer la France mais pas les français- qu'on adresse maintenant a Eric Zemmour.
"La France? On a sa claque", dit (ou on lui attribue) le belge Leon Degrelle, de souche française (voie paternelle), descendant des catholiques français fuyant les rigueurs de la persécution du ministre franc-maçon -le Père Combes- et de la loi de Séparation. Et moi je ne peux pas dire qu'elle m'ait déçu moi aussi, car je garde toujours chez moi (malgré tout) l'admiration envers tout ce qui est français que m'auront laissé comme légat (passé tout cela bien entendu à l'aune de la critique et de la vision rétrospective) mes contactes (entre autres) avec les brésiliens de la TFP qui allaient eux vraiment très loin faisant de cette admiration et du devoir d'hommage -d'adoration (sic)- allant de pair, une sorte de religion (et exercice en outre d'humilité) La religion catholique romaine cela allait de soi, savoir, celle d'une foi dans les destinées de l'Europe, avant de devenir universelle, berceau d'une civilisation "qui fut avant tout française". Et en détriment et au préjudice -et dérision- de la mémoire et réputation des autres grands peuples et nations catholiques et européens comme l'Espagne ou le Portugal (cela va également de soi)? Et les exemples de cette civilisation (française) ne leur manquaient pas.
Mais surtout de ce que je me rappelle c’étaient les châteaux de la Loire (voir photo) -un microcosme surtout, ils voyaient juste vraiment, de par la densité unique au monde des monuments-, chez qui les gens de la TFP, fascinés, voyaient le sommet jamais atteint ni avant ni âpres, de la civilisation européenne (ou de la civilisation tout court) Ceci a la gloire -cela va sans dire- de la Monarchie française, et de la figure et de la pensée (horresco referens) -qu'ils abhorrent à jamais- de Charles Maurras (....) Mais sans tomber dans toutes ces exagérations (quelque peu tropicales ou brésiliennes) (...) -et dribblant toutes leurs embuches dialectiques à la fois- je devins et je le reste toujours un francophile, un francisé (afrancesado en espagnol) Ou francophone a part entière (et d'adoption) Autant dire que les outrances et les grossièretés -et d'autres exubérances- genre Bernard Tapie ne m'impressionnent pas. Ce qui m'étonne néanmoins c'est qu’un jugement en guise de bilan -comme celui que j'aurai versé ici- aura manqué a Jean Marie Le Pen (qui l'eut, lui, nollens vollens comme redoutable rival), en y ajoutant lui, en échange, de mots d'éloge (feints ou pas feints) au chœur unanime (funèbre) et à la palinodie générale. La France, je l'aime, voila qui est dit, et quoi qu'en pensent ou quoiqu'en sentent les français (ou quelques belges, eux aussi)
ADDENDA Il y a plus encore. Car il y va de la grandeur (sic), comme celle que dégageait ce grand cuisinier ("audacieux mais orgueilleux") d'un grand duc et d'un vieux château -dans un (grand) film à succès en salle il y a peu- juste à l'avant-veille de la Révolution. Comme celle qu’évoquait -entre "la grandeur et le néant" (dixit Dominique Venner)- le général De Gaulle. Et comme j'ai senti moi-même, espagnol, en terre de France ou de francophonie, les années (déjà longues) de mon expatriation. Grande et belle la France, dans ses paysages et dan son Histoire. Avant et après la Révolution. "O Corse à cheveux plats! Que ta France était belle au grand soleil de Messidor! C'était une cavale indomptable et rebelle, sans frein d'acier ni rênes d'or". Scandé maintenant sans jalousie ni reniement, et avec passion. Toujours espagnol (cara al sol)