lundi 4 octobre 2021

ESPAGNOL ET FRANCOPHONE



Je ne suis pas français, je ne le deviendrai jamais (en entier), car comme le disait  (entre autres) l'ancien ministre français de l'Intérieur Manuel Valls d'origine catalane, très courageusement d'ailleurs, "je n'ai même pas une seule goutte de sang français". N’empêche, car si la France ne coule pas dans mes veines au contraire de ce que réaffirmait Roman Gary, peux-je dire autant de la Belgique aussi bien flamande que francophone, où ce sera déroulée la moitié (presque) des années de ma vie, autant qu'il dit le poète flamand d'expression française Emile Verhaeren, de l'Escaut dans l'un des ses plus beaux et sentis poèmes, parmi les rares cas en langue française dont je me sens capable d'apprendre les poèmes par cœur? Et c'est justement pour ça, parce que sa poésie, les themes qu'il y aborde, les sujets qui lui inspirent, me tiennent a cœur, et me tiennent littéralement par le cœur. En tant qu'espagnol et je ne dirais pas  belgo/espagnol mais oui espagnol de la francophonie, et ce n'est nullement par hasard si avec le poète suisse romand Philippe Jaccottet, ils m'offrent, Verhaeren et lui, le belge de Flandres et le suisse de la Romandie, tous les deux, l'exception a la quelle je faisais plus haut allusion. 

Pour quoi des poètes non pas (proprement) français mais exposants emblématique pour le moins de la francophonie, me touchent-ils, dans la même mesure où me laissent de marbre, mais oui, la presque totalité des poètes français ? Mystère. D'un attrait- périphérique, de par cette dialectique centre périphérie présente dans toutes les grandes langues de l'hémisphère occidental? Probablement. D'un atavisme toujours latent dans les zones d'Europe au Nord des Pyrénées marquées en plus ou moins grande mesure par la présence espagnole trois quatre siècles en amont? Plus probablement encore. Ou tout simplement parce que c'est dans cette langue qu'on aura osé, avec davantage de courage et de liberté (de pensée), percer le mystère et la réalité de la Vie et de la Mort? "Escaut, sauvage et bel Escaut!" (voir photo), chante le poète flamand- "où l'on cachera mon corps...pour te sentir même a travers la  mort, encor" Comme je le sentais couler lors que j'ai débarqué dans ces terres, trente et un ans déjà, le regardant la nuit assis à Anvers sur un banc d’où j'avais du mal a partir. sans arriver a m'expliquer le pour quoi. 

"La mer est de nouveau obscure, tu comprends?, chante Jaccotet à son tour. C'est la dernière nuit, mais qui vais-je appelant. Hors l'écho je ne parle à personne, à personne, où les rocs s'écroulent la mer est noire et tonne", et il finit, ""Qu'il sombrent ces beaux jours! Je pars, je continue a vieillir, peu m'importe, sur qui s'en va la mer saura claquer sa porte" Verhaeren, lui -ce n'est un secret pour personne- se vit objet de litige plus ou moins discret du Vlaamse Beweging à cause de son français, de son beau français. Et personne néanmoins ne peut lui nier son attachement à sa terre natale. Puissions-nous donc le hisser -lui et avec lui Jaccotet et tous les poètes de la francophonie en dehors de l'Hexagone-, en drapeau ou étendard dans une voie de réconciliation, pour des Espagnols? Et en guise d'un nouveau "chemin espagnol de Flandres", "The Spanish Road". De réconciliation et de paix, loin de la guerre et de la Mort. Si loin déjà l'époque des guerres de religion! 


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