dimanche 24 mai 2020

JE ME CONFINE, ERGO SUM?

« Je me confine, donc nou sommes », voilà le tour de force inattendu, la nouvelle formulation néocartesienne du cogito ergo sum, des temps de pandemie. Elle est dûe –pareille originalité- à une professeure francaise, de nationalité (il faut le présumer), mais au nom de résonnances familières –eloigne de moi cette calice, par pieté !- qui en profite, dans un article paru recemment, et faisant ainsi flèche de tout bois, pour atteindre –ne fut-ce que par ricochet- le docteur Didier Raoult, comme à la rescousse dirait-on de tous ceux qui d’une manière ou d’une autre, se sentent menacés ou mis en question par son indéniable percée dans l’opinion et par le défi de ses paroles et la liberté de ses prises de position face à l’établissement scientifique et medical. Liberte pour quoi faire?, disait dédaigeux Vladimir Lénine. Et ses paroles résonnent lugubrement de nos jours, chez beaucoup d’espagnols du moins, devant l’annonce de la nomination à la tête (comme viceprésident) de la Commision (s’il vous plait) de Reconstruction Nationale, et c’est de quelqu’un proche du parti socialiste (PSOE) au pouvoir et du president du gouvernement espagnol Pedro Sanchez qui prône, tous draps deployés, une politique du confinement d’une rigueur et sévérité extrèmes et sans parangon dans aucun autre pays europeen. Qelqu’un, en outre, celui dont je fis allusion, qui revindique sans complexes l’héritage ideologique leniniste. Vraiment ! C’est de mauvais ton peut-être le rappeler, mais je n’y peux rien. Et c’est la
charge ou l’arrière-fond liberticide des courants de pensée de gauche, ce qui nous ramène au vieux et sempiternel débat sur la liberté dans les courants dominants de la pensée philosophique contemporaine. De Kant à Nietzsche et à Karl Marx en passant par Spinoza et Schopenhauer- et en remontant jusqu’a Martin Luther- la liberte est mise a mal, ou bien carrément niée ou bien dénoncée comme une illusion, ou du moins, mise en parenthèse comme une categorie de la pensée (trois fois rien, si l’on regarde de près) Mais ce fut le marxisme, aussi bien sur le plan théorique que pratique qui posa le plus grand défi à nos libertes et même a la Liberte née de la Révolution Francaise. Et parmi toutes les atteintes, celles touchant la liberté la plus fondamentale, la plus élémentaire, la plus sacrée si on veux parler ainsi, savoir la liberté physique des mouvments, d’aller et venir, bref, la liberté (constitutionnelle) de circulation. Et pour rappel –de la plus crue actualite-, l’Union Sovietique avait introdit jusqu’à peu de temps après la chute du Mur, un passeport interieur (sic), assorti de toute sorte de contraintes et limitations à la liberte de circulation et des mouvements.

Et l’auteure de l’article où nous faisons allusion, fuyant sans doute les reproches et accusations qui pourraient lui venir de ce flanc (gauche), ressort les noms plus emblematiques de l’existentialisme version francaise, notamment Albert Camus et Jean-Paul Sartre, le premier dans un texte apparemment le plus à propos, celui de « La Peste » où tout en prenant un air exculpateur de ses propres concitoyens –les Oranais « d’avant »- ne laisse pas moins planer sur eux une arriere-pensée de reproche et de culpabilisation, et c’est envers ces gens (« qui n’etait pas plue mauvais que d’autres, mais qui n’etaient pas mdestes » -voilà tout qu’il leur reprochaient (tout de même !), « qui entendaient gérer toujours leurs affaires, faire ses voyages, et avoir des opinions. Oubliant que la personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux », la peste, sous-entendu, et de préférence, « la peste brune » (pire que l'autre, la Peste Noire) Et libre tout un chacun de tirer ses propres conclusions devant un cas si flagrant de pensée a l’emporte-pièce, qui n’invite pas moins à une facile extrapolation tout de même, et c'est avec les confinés d’aujourd’hui (francais, belges ou espagnols) Ce qui met en lumière des aspects, cachés, mal connus d’un penseur mis toujours (et un peu de trop) en exergue –d’apôtre et defenseur du libre arbitre (voir son « Myhte du Sisyphe » ») dans les milieux de la libre pensée, et qu’on relativise fatalment a partir du moment ou l’on tient compte du passé et du parcours militant, engagé –socialiste et anarchiste- du personnage. De l’autre coté, Jean Paul Sartre, l’autre grand nom de l’existentilisme francais, quitte, en l’évoquant et mentionnant, au risque (ou danger) de tomber (carrément) dans la provocation. Car elle cite la phrase bien connu de l’auteur de "L’Être et le Neant", causante de tant d’esclandre et des remous, « nous n’etions aussi libres que sous l’occupation allemande »

Voilà tout, le fond (on dirait) de sa pensée : on est jamais aussi libre que lorsque on obéit aux ordres ou consignes des pouvoirs publiques, du gouvernment. Liberte à l’interieur d’un ordre, enseignait la pensée catholique traditionnelle, taxée fatalement de réac. Mais la philosophe (attitrée de gauche) du confinement qui nous occupe, ne prèche guère d'autre, vraiment !: il n'y pas de liberté sans conditions (sic), sans contraintes acceptées, sans renoncement volontaires, et sans solidarites naissantes (savoir d'aller faire les courses et la cuisine pour les voisins, et prendre part, on n’oublie surtot pas, a huit heures pile, aux applaudissements) Et donc, sans la guerre aux balcons, nota bene, comme glave de Damocle (fatalement) suspendue sur ceux –signalés du doigt- qui ne veulent pas se plier –librement, de bonne gré- à cette solidarité (forcée) A bas la pensée unique! Assez de confinement !

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