lundi 15 mai 2023

RENAISSANCE DE LA TRAGEDIE AUX STATES?


 

James Ellroy dépeint au fil de ses romans en noir -ayant de toile de fond la vie quotidienne de la société nord-américaine-, un pays? le sien, les États Unis, peuplé de gens curieux -à la limite du voyeurisme- morts d'envie de tout savoir sur leurs voisins le plus proches, ce qui rejoigne quelque peu ce fresque du même pays offert dans un film à succès hier dimanche en salle au centre de Bruxelles, d'un personnage en proie à tous les fantasmes et paranoïas, à l'image de son propre pays on dirait, règne de l'absurde -de ce qué l'on voit dans le film- à la mesure de l'absurde -très yankee parait-il- de ses décors et ses scénarios. Et avec cela on entend pallier âpres coup (un peu) le sentiment dominant chez les spectateurs à la sortie du film qui en témoignent dans les réseaux sociaux- de n'en avoir "rien compris". Ce qui nous dévoile nous par contre -a la limite de la plus radicale de dystopies- ce qu'elle était pour nous, cette image d’archétype collective et subliminale à la fois, d'utopique et de paradisiaque -bien ancrée dans notre conscience et notre mémoire collectives d'occidentaux-, celle du Big Brother, les États-Unis. Et c'est avec ce sentiment prégnant de brutal éclairage, voire de dépossession qu'on sort de la salle, et c'est ce que presque aucun des spectateurs -il est fort à parier- aura réalisé après tout, d’où leur désarroi et leur perplexité. Des gens curieux, les citoyens USA, paranoïaques, et hypocondriaques (pour la plupart) au surplus. Le tout avec une touche de désespoir ambiant, illustrée au plus haut point de par la silhouette et le profil quelque peu monstrueux de ce personnage du film devenu dingo comme ce n'est pas possible, faisant irruption aux moments les plus inattendus, en proie à des réactions ou des pulsions qui ressemblaient de tout près au choc post-traumatique des situations  ou des moments de guerre, comme celles qu'elle aura trainées derrière elle la plus grande puissance de la planète dans l'ensemble de l'après-guerre jusqu’à nos jours. Et l'indéniable puissance cathartique du film se voit renforcée vers la fin avec toutes les allures d'une Odyssée hallucinée, et dans le décor et dans l'affrontement tragique de deux principaux personnages, la mère et son ("beau") fils, dans un retour inattendu de l'Antiquité grecque. De naissance de la tragédie -"Die Geburt der Tragödie"- aura été question -de par un de ses titres le plus marquants- dans l'histoire de la pensée et de la littérature contemporaine. De Renaissance de la tragédie, à la vue de la fin si tragique du film et de la toute dernière scène à la fin, sommes nous tenter d'ajouter. De la tragédie, comme un remède ou palliatif, ou en guise de purgatif (sic) à la culpabilité qui ronge les principaux personnages du film, comme en écho nostalgique de la culture antique à laquelle les pèlerins du May Flower -et ceux qui leur suivirent-, pétris eux tous de fondamentalisme judéo-chrétien- avaient de façon si olympique tourné le dos. Le retour du refoulé.À ne pas le prendre à titre d'une incartade quelconque -sur le plan, de la pensée-  ou une (plus ou moins gratuite) provocation, je vous en prie! 

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