D’où me vient cela? Je ne sais pas. Ce sourd malaise, cette irrépressible gêne, ce sentiment de (profonde) humiliation qui me prend lorsque j'entends les invariables phrases vulgaires, grossières -et surtout les quatre-lettres- transcrites et prononcées correctement -en les tirant de la langue espagnole- dont certains français semblent trop friands, et de la part de certains belges j'en dirai plus, apparemment. C'est ce qui m'arriva hier sans me l'attendre le moins du monde dans une de premiers scènes du film "Rien a perdre" dont je ne pouvais pas me douter qu'il était encore assorti, de ce supplément de défis m'étant destiné a moi espagnol, entre tous évidemment. Un film déroutant, d'attaque, de par le contenu du scénario, et de par la nature de l'intrigue- douloureuse déchirante- de ce film, celle du contentieux où une mère se voit -a tort ou raison?- empêtré avec les services sociaux et les organismes de tutelle de la justice de paix, pour la garde de son enfant. Où l'aimant de la mère, serveuse dans un bar de nuit, porte le chapeau (lui étant -de tout le temps-destiné comme il faut), espagnol de l'ancienne (cela va de soit) immigration espagnole en Belgique -brassard allemand (?!) de (RFA) a l'appui. Un psychodrame à la sauce belge dont personne d'autre qu'eux ne connait les secrets, mélange d’expressionnisme à la belge et "tremendismo" à l'espagnole, qui, peut-être plus qu'en peinture, semble transposé dans le septième art. Et que j'aurais gouté sans le moindre doute et sans le moindre remord, et de par la valeur des personnages -adultes comme enfants- et de par le talent de leur interprétation. Erreur judiciaire, existe-t-elle? Sans aucun doute mais qu'on arrive à pouvoir le prouver cela est toute une autre affaire -comme j'en ai vu d'autres cas ici-, surtout en justice de paix, où ils apparaisse a vif comme dans aucune autre instance, les sentiments et les émotions. Bourgeon arraché avant d'éclore, la mère qui se voit arraché la garde de son enfant (bien aimé). Première et principal droit de femmes soit dit en passant. Ou quelle classe de justice à part est-elle si non, la justice de paix?
lundi 27 novembre 2023
RIEN A PERDRE
mardi 21 novembre 2023
L'ABBÉ PIERRE, SANS TÂCHE (ET SANS REMORD?)
Je me suis demandé sans conviction, sans espoir d'en trouver réponse aucune ma foi, du black-out -trop dire?- relevant en somme du manque d’intérêt et d'attrait pour le personnage dont le prêtre -monsieur l'abbé- auquel est consacré le film (superbe, convainquant, et de la part des auteurs et du principal acteur) que j'ai vu (avant-) hier, fut l'objet -à ce que je me souviens- au séminaire d'Ecône. L'Abbé Pierre, étoile étincelante de leader religieux ces années-là, comme le fut Monseigneur Lefebvre lui-même, toute proportion gardée-, était si non persona non grata, peu aimé ou mal aimé, c'est vrai, parmi mes confrères d'alors. Pour quoi? Sa façon, son style trop radical d'exercer la charité et la solidarité avec les pauvres et les sans abri (et sans toit), était-ce de nature a synchroniser beaucoup plus avec le (néo) catholicisme de signe progressiste triomphant -par son "aile marchante"- au Concile Vatican II? J'en doute, car ce n'était pas ça -cette fièvre (de miséricorde, et de charité) envers les pauvres et les miséreux- qui nous gênait spécialement, et c"est également vrai que l'Abbé Pierre ne cadrait pas tout à fait non plus au dedans du patron de "nouveau prêtre" que le concile avait consacré, suivant l'expression à succès d'un best-seller qui avait marqué les esprits à l'Espagne de l'époque. Un curé malade de l’être, ou mal dans sa peau, ou dans sa soutane ou son habit ecclésiastique, c’était ça la vraie radiographie du nouveau/prêtre (dans mes souvenirs d'alors). Très loin donc de l'image -enfoncé dans son habit de père abbé- qu'aura laisse l'Abbé Pierre pour la postérité. Mais seulement ça? N'y a t-il pas quelque chose de plus dans ce manque (flagrant) de syntonie entre le modèle de prêtrise qu'incarnait la célèbre abbé et celui que guidait et animait -tel que je le vécus et le ressentis moi-même- mes confrères au séminaire d'Ecône?
Quelque chose plus guère difficile a trouver si on fouille le registre de la politique, savoir de la politique religieuse, ce dont le film à l'écran hier nous en donne toutes les pistes. Dans la scène (poignante) -à titre d'exemple- au maquis du Vercors, où une allusion -vraiment prudente?- de l'Abbé Pierre (à la traitrise, voire la trahison)- , mena à l'exécution sans procès ni sommation d'un (prétendu) membre de la Milice, enfoui dans le groupe de résistants, catholique à ne pas en douter comme le autres (sinon plus) Et pourquoi le sortir dans le film? Souci, zèle de la vérité historique chez les auteurs du film? Ou -de la part de l'abbé Pierre- simple remord?. A ajouter à sa feuille de services, je dirai plutôt, des services rendus à la Résistance, au camp des bons -au prix des méchants- donc. Ce qui appelle à une (briefe) explication, et c'est des choses dont je me suis largement départies dans les entrées de ce blog.
Monseigneur Lefebvre et la II Guerre Mondiale, entre la Résistance et la Collaboration, autant dire aux prises d'un compromis historique (sic) d'où fut né (j'en suis formel) le séminaire d'Ecône. Entre l'attentisme et une Collaboration aussi hésitante eut-elle étée qui fut l'attitude première de l’Église française -face à l'Occupation, au régime de Vichy et au maréchal Pétain-, tel que le film ne manque pas de reconnaitre, et une Résistance de droite dont l’archevêque traditionaliste ne manquait pas de brevets -il faut bien le dire-, de par son coté paternel, fils d'un catholique d'Action Française, victime en quelque sorte de l'ambigüité ou ambivalence que furent celle de Maurras et de son mouvement nationaliste (français), face au nazisme et à l'Occupation-, qui prêta les installations de son usine -à Tourcoing, près de la frontière belge- au troupes britanniques les premiers jours de la guerre, ce qui lui valut d'être envoyé en déportation en Allemagne sous l'Occupation, où il mourut victime des mauvais traitements de leurs gardiens. Des détails que je n'appris que bien plus tard après le départ du séminaire, et qui explique largement l'attitude -pleine de non-dits et sous-entendus de Monseigneur Lefebvre au sujet de la II Guerre Mondial (et de l'Occupation)
Mais plus piquant encore, révélateur de la vraie personnalité du célèbre abbé, l'est l'incident dont le film -vers la fin- fait allusion. Ce qui ne cachait pas moins l'amitié étroite vrai du célèbre abbé avec quelqu'un qui sent le souffre rien qu'a son évocation, véritable joujou des médias et de l'intelligentsia française quelques années avant sa mort seulement. Et je fais par là allusion à une de mes vieilles connaissances -tel que je l'ai déjà consigné sur les pages de ce blog-, Roger Garaudy, intraitable -en procureur zélé et intransigeant-, comme il se montra tout au long de sa carrière politique, à l'heure d'octroyer les bons et les mauvais points en matière de Résistance et Collaboration.
Fascination sincère de la part de l'intransigeant idéologue (catholique-marxiste), devant la flamme qu'il sentait o croyait reconnaitre chez l'abbé fougueux qui voulait a tout prix et par tous les moyens assurer la gîte et le lit (et le toit) à tout un chacun avant de les voir mourir -comme il les avait vus- dans les rues de Paris (d’après-guerre) de faim et de froid?
Car c'est cette flamme ('sacrée) -d'où était (re) sorti (nota bene) l'incendie de la lutte de classes-, qui allait faire explosion au Concile Vatican II. Et c'est ce qui avait d'idéaliste et de sincère dans le projet de dialogue catholique-marxiste (au delà de la guerre asymétrique et de toutes les manœuvres d'agit-prop)
Peut-être du vrai dans tout cela, mais je ne peux pas de m’empêcher d'y voir le (jeune) milicien exécuté -sans procès ni sommation-, ministre a son insu ('post mortem) de paix et réconciliation -au sein de la guerre civile-, et ceci de la part de l'idéologue catholique/marxiste, catholique et fils (nota bene) de catholique d'AF,comme je pus le lire ébahi dans les pages de son testament "philosophique" -converti à l'Islam à la fin de sa vie-, qui pardonna -ou gracia (et oublia)- ainsi les équivoques et ambiguïtés de l’Église -dont se ne fit pas moins l'écho le célèbre abbé, comme nous l'avons déjà vu (*)
Et également de la part de l’apôtre d'Emaüs, ce qui lui fit oublier -comme "peccata minuta"- et revindiquer plus tard les textes révisionnistes et négationnistes de son vieux ami fidèle. Sous l'ombre d'un remord. Et dans notre souvenir (en geste de pardon)
(*) A l'appui de tout ce qui vient d'être dit, l'extrême dramatisme d'un passage de cet ouvrage (dernier) de Garaudy -"Biographie du XX siècle"- où il recueillit son témoignage (autobiographique) sur la condamnation à mort dont il fut l'objet, à Ghardaïa, au fin fond du djébel, au désert algérien, pendant la guerre et l'occupation, sous le régime de Vichy. Ce dont il échappa de justesse -ensemble avec d'autres condamnés-, grâce à l'ordre de celui -officier des troupes algériennes de l'armée française- qui commandait le peloton d'exécution. Et ce fut au nom du code (sacré) d'honneur dans la loi islamique qui interdisait la mise à mort sans procès ni sommation. Ce qui fut le cas du jeune milicien (malheureux) enfoui dans le maquis du Vercors. Point d'orgue de toute une trajectoire. Sacré pied-de-nez à la Bien-Pensance peu avant sa mort (sans la moindre rétractation). Bravo Abbé Pierre!!! L'honneur sauf. Le sien propre et celui de son sacerdoce. Chapeau!
lundi 13 novembre 2023
MAGIE FINNOISE
Magie finlandaise. A quoi ça tient? A la mélancolie sans doute des cieux, des paysages urbains -à "la HOPPER"- de Helsinki, sa capitale. C'est ce qu'on peut en déduire à la vue du film récent du réalisateur -et scénariste- finlandais Aki KAURISMAKI, qui m'a surpris et tout de même convaincu. Un film, "Les feuilles mortes" surprenant en effet. Sans doute du "passé fantasme" d'un directeur "d'un autre temps" comme le dépeint une critique de spectateurs que je viens de lire récemment à la sortie du cinéma. Qui me rappelle fatalement l'autre film du même auteur -"L'homme" sans passé"- que j'avais vu cela fait plus de vingt ans (déjà!), d'ambiance (touchante) finlandaise également, et d'une même haleine sociale à la fois, l'immigration étrangère de toile de fond, et cachée ou enfouie derrière elle, la problématique de la minorité lapone, gros tabou là-bas. Un film romantique, en échange maintenant, et en même temps social -l'utopie d'un mélange impossible et presque impensable en vérité?- teint d'une mélancolie aussi irrépressible qu'indéfinissable tous les deux. Aussi bien que d'une indéniable poésie, et d'une réelle empathie pour les personnages, trillés dans un milieu social très populaire. Ouvriers (ou employés) dans la vie de tous les jours et rêveurs d'une vie toute autre et d'un monde meilleur tels qu'ils se montrent au fond d'eux mêmes et au long des scènes le plus marquantes de ce film (d'auteur). Saupoudrés d'un petit humour très de chez eux qui provoque des rires spontanés en rafale (tel qu'il m'est arrivé moi-même, dure et difficile à faire rire) au milieu des situations très tendues voire désespérées. Poète et cinéaste à la fois, KAURISMAKI, une espèce à part qui nous manque tant. Peu connu de ce coté de l'Europe, un peu moins que JARMUSCH de qui il se rapproche (d'après certains) Et une histoire d'amour de toile de fond surprenante, -et de par sa prose et de par son coté vrai à la fois. Comme deux éclats de lumière -ces deux film du même auteur finlandais- venus de l'autre bout de l'Europe, d'une Europe autre où il fait (très) froid au dehors et où l'on se chauffe et réchauffe plus que dans les pays chauds (et je parle plutôt de chez moi) Problème d'alcool et de manques de perspective chez lui, d'argent et de manque de sécurité de l'emploi chez elle, très concrets et limités, et très réels en même temps. Transporté, c'est ainsi que je me sentis, a la vue de ce film comme sensation dominante, vraiment! Et dans l'espace et dans le temps également. Dans cet année lointaine -été 1966, si loin déjà!- où j'avais accosté en voyage de plaisance -en prix d'avoir réussi la fin de mes études du bac (avant l'entrée dans l'université)- au bord d'un navire de fret, le port finlandais de KEMI, tout près de la côte et frontière suédoises et à la pointe Nord de la cote finnoise dans la Baltique, où -de mes yeux éberlués de jeune adolescent (âgé de 16 ans)- j'avais découvert un monde nouveau qui allait me manquer par la suite, marqué par l'aisance et désinvolture des rapports de jeunes de l'un et l'autre sexe, inconnus -et parfaitement tabous- dans l'Espagne d'alors. Et personnifié dans cette jeune finlandaise avec qui j'avais dansée -joue contre joue- dans une fête populaire là-bas. Ressemblant étrangement, cette fille -des traits (anguleux) typiquement finnois, et disparue de ma vie à jamais- la femme protagoniste du film que je viens de voir. KAURISMAKI, ou un parfum et une ombre finnoise qui viennent et s'en vont dans ma vie également. Jusque quand?