Et le prouve et illustre à la fois l’extraordinaire essor que connurent les congrès de Lausanne (voir photo) –atteignant un chiffre record d’assistance justement en 68- de la Cité Catholique, qui furent marqués cete année-là et celles qui s’en suivirent –notamment au congrès de Sion- par l’afflux considérable des jeunes francais et en provenance des pays francophones –Belgique et Suisse- avoisinants, ainsi que d’autres pays catholiques européens.
Des réacs, des ringards, des attardés, tout ce qu’on veut. Des refractaires irréductibles en tout cas –tous ces jeunes universitaires européens, dont futurs séminaristes d'Ecòne certains d'entre eux (...)- à l’ambiance soixante-huitarde, lesquels s’étaient sentis -chargés sans doute des raisons- menacés et blessés dans leurs convictions intimes et leurs sentiments religieux, de par le nuage toxique (voire radioactive) que soufflait le dit mouvement de contestation universitaire, et cela dans un phénomène de repli comparable d’ailleurs en bien de points à celui qu’opérèrent les Belges wallons, justement alors. En Belgique ne fut-ce pas néanmoins le cas ? Vecurent-ils les Belges ce phénomène –le cas de l’Université de Louvain, mis tout à fait a part- autrement qu’il fut vécu en France ou en Espagne, autant dire d’une manière beaucoup plus pacifique, plus consensuelle, bref moins conflictive et moins violente et traumatisante ? C’est fort possible, et c’est le plus vraisemblable d’ailleurs. Ce qui explique la nostalgie ambiante ici dans le 50 anniversaire, et ce qui en dit aussi long, et c’est sur les specificités et particularités du cas belge –et de sa forme typiquement belge de compromis (...)- et sur le clivage Nord et Sud qui s’y fit sentir tres présent alors. Vérité au-délà, erreur en déca (des Pyrenées) que disait Pascal (...) L’Ordre, une religion de l’Ordre –que la propagande de gauche et la pensée unique (et politiquement correcte) de par une simplification brutale ne traduit que par l’ordre publique- de l’ordre surtout interieur, dans les têtes et dans les esprits (et dans les coeurs), alergiques pour autant au chaos et au climat d’anarchie (libertaire, voire liberticide) qu’on ne peut pas moins d’identifier avec mai 68.
Etait-il du pur hasard d’ailleurs si Maurras (voir photo) avait qualifié le caholicisme de religion –et d’Eglise- de l’Ordre ? Pur hasard également le maurrasianisme à peine feutré des principaux dirigeants de la Cité Catholique, et notamment de Jean Ousset, son fondateur et principale dirigeant ? Et en ce que la Belgique peut se sentir concernée, purement anecdotique la signification politique et idéologique –maurrassien bon teint du moins du premier des (ci-dessus) nommés, et résistants de droite tous les deux- de deux figures d’intellectuels (universitaires) belges bien en vue –et bien notés- aussi bien chez les élèves que chez les professeurs du Séminaire d’Econe? Et je fais par là allusion à Marcel De Corte, philosophe (néo) thomiste (attitré) –savoir, catholique, attaché à l’ancienne Scolastique- professeur longtemps de l’Universite de Liège, et docteur en philologie classique (nota bene) à l'ULB-, et aussi Alexis Curvers, écrivain et romancier (francophone), auteur de « Tempo di Roma », best-seller dans l’inmédiate après-guerre, anticommuniste bon teint –dans la période surtout de la guerre froide- qui ne se sentit pas moins dans le devoir (nota bene) de signer un manifeste anti-Franco (sans doute par simple prudence) ces années-là. Car, vouloir identifier, comme le fait la professeure mentionnée au début de l’article en question, le catholicisme avec sa mouvance progressiste –marque Vatican II- revient a une grossière et pas moins brutale simplification. Comme celle, d’ailleurs, de s’obstiner en vouloir voir dans le Concile un mouvement unanime sans fissures –quelque chose de typique d’ailleurs dans un regard (belge, et laïque) d’histoire de religions-, et omettant ainsi ou passant (systématiquement) sous silence les regards critiques, voire les dénonciations de ce que certains catholiques ne pouvaient pas moins de voir comme un (grand) retournement (díxit Dominique Venner) Spécifité belge également, l’acceptation massive et unanime du Concile, de ses enseignements et orientations par les catholiques d’ici ? Ce que n’irait pas moins en parfait d’accord –soit dit en passant- avec la marque belgo/flamande/hollandaise inconfundible –ne soit-ce que de par la nationalité des principales figures (Suenens, Alfrink, Schillebeckx)- de ce qu’on apelle « l’aile marchante » des pères conciliaires- qu’elle traina, cette auguste assemblée, depuis ces origines ? Remontant également, comme par hasard, à la crise moderniste et au modernisme germanisant (nota bene) dès la veille justement de la Première Guerre Mondiale . Mais cela est toute une autre histoire, vraiment (...)
ADDENDA Le caractère idéologique et non pas seulement religieux et liturgique du mouvement d’Ecône fut encore accentué par la figure d’un autre intellectuel –outre ceux déjà nommés- qui fut étroitement associé au mouvement. Et je fais par là allusion a Michel de Saint Pierre, écrivain et romancier –que j’eus l’occasion de croiser, début des années quatre-vingt, lorsque je desservais la chapelle traditionaliste de Rouen (où il habitait) qu'íl fréquenta parfois aussi-, auteur d’un best-seller dans certains pays catholiques comme la France et l’Espagne les années qui suivirent immédiatement le concile, et ce fut « Les nouveaux prêtres », une critique ouverte –sur les plans idéologique et sociologique surtout- du modèle de prêtre issu du concile. Michel de Saint Pierre, maurrassien et résistant de droite, a la tête du mouvement Credo qu’il avait fondé en défense de la doctrine et de la liturgie catholique traditionnelles, fut de la partie avec nous, les séminaristes d’Ecône, lorsque nous fûmes en cortège, Monseigneur Lefebvre et lui en tête, à Rome, à la Basilique de Saint Pierre alors que s’entamait notre procès de rupture (canonique) avec le Vatican.
Ce n’était pas anecdotique son maurrassianisme non plus, si l’on pense qu’il le partageait entièrement avec Monseigneur Lefebvre, résistant de droite aussi comme lui, qui était resté disciple fidèle du père Henri Le Floch, suite à son passage au Séminaire français de Rome, dont ce dernier était directeur et démis de ses fonctions en juillet 1927, à la requête nota bene du gouvernement français, suite à la condamnation de l'Action Francaise (dec 1926) à laquelle il resta attachée. Monseigneur Lefebvre était d'ailleurs fils d’un royaliste d’Action Francaise, industriel de Tourcoing, qui fut incarcéré par les troupes d’occupation –après avoir hébergé dans son usine des troupes anglaises aux premiers jours de la guerre-, et mourut en déportation d’une hémiplégie, à la suite de coups donnés par son gardien au camp où il se trouvait. Il fut décoré à titre posthume de la médaille militaire
ADDENDA BIS Concernant le coté germanisant incontestable du modernisme (au sens religieux, théologique) dont il est question à la fin de mon article, on doit dire que c’est quelque chose passé habituellement sous silence dans les études d’histoire de religions au sujet de la crise moderniste en langue française, et plus particulièrement en Belgique (francophone) Au point qu’on ne peut pas moins voir dans l’intégrisme -une réaction en somme à ce dernier à l’origine, plus qu’au progressisme philo/marxiste de plus tard- que dans le cadre ou contexte historique de l’affrontement entre la France et l’Allemagne lors de la Première Guerre Mondiale, qui eut beaucoup d’un choc culturel entre les zones de culture et d’expression latines et celles de langue et culture germaniques (ou allemandes) Et l’illustre l’épisode -peu connu en Belgique, ma foi- de la découverte et démantèlement du réseau (secret) d’information et dénonciation anti-moderniste, Sodalitium Pianum (S.P.), -connu sous le nom de la Sapinière-, sous le pontificat du pape (saint) Pie X. Et moins connus en effet sont les chapitres ou avatars belges de ce-ci. Car la Sapinière en Belgique fut découverte et démantelée, comme ce fut rappelé dans un ouvrage de Jean Madiran (voir photo), -auteur fort apprécié au Séminaire d’Ecòne-, par les troupes allemandes d’occupation en Belgique lors de la Grande Guerre, et ce fut sur base aux papiers retrouvés chez un catholique flamand, Alfons Jonckx, journaliste et professeur –francophone- à l’Université de Gand, en passe alors celle-ci de être flamandisée, lequel fut condamné pour délit d’activisme (flamingant) à la fin de la guerre de 14-18. Au point que l’écrivain français mentionné y voit l’origine du mouvement et de l’expression mème (d’intégrisme)
Les prolégomènes belges de la condamnation de l’Action Française ne manquent pas d’intérêt non plus, car elle ne fut entamée que suite a une enquête parmi la jeunesse catholique belge, d’Action Catholique- à l’origine en Belgique celle-ci, en tant que plateforme matricielle, du mouvement REX de Leon Degrelle (membre d’Action Catholique lui aussi)- où l’on plébiscitait Charles Maurras en tant que maître a penser (sic) des jeunes catholiques belges, ce qui éveilla -suite aux dénonciations de l'avocat belge flamand et francophone, Fernand Passelecq- les soupçons et inquiétudes des dicastères vaticans à l’encontre de l’Action Française et de son fondateur et maître à penser, a la veille de leur mise a l’index et condamnation, qui s’en suivirent
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