mercredi 5 juillet 2023

DEGRELLE (4)

Catholique belge, "à la belge", Degrelle, comme nous l'avons estampillé ici précédemment. Autant dire "qu'à la française" également. Ou plutôt catholique d'Action Française, qui n'est pas tout à fait la même chose rétorqueront du coup ici certains. Et on ne peut mieux dire, car si le leader rexiste fut leader et fondateur de son propre mouvement (REX) et de son propre journal "Le Pays Réel, ne fut pas moins la cause première de damnation du mouvement nationaliste et royaliste  -français -ensemble avec son leader et son journal-. ce qui n'a jamais été suffisamment pointé du doigt en Belgique notamment, et ce que nous allons exposer ici de façon brève et succincte, autant que le permet un sujet si crucial. Car le vrai détonateur de la condamnation ce fut la dénonciation auprès de la hiérarchie ecclésiastique française, de la part d'un avocat catholique belge, Fernand Passelecq -francophone et d'origine flamande tel que son nom indique-, à la fois alarmé voire scandalisé de la vraie ébullition qu'il voyait parmi la jeunesse belge d'Action Catholique, où s'agitait le leader rexiste, dévot partisan au vu et au su de tous de Charles Maurras, reconnu celui-ci dans une enquête journalistique alors, "maître à penser" de la jeunesse catholique belge.  

Et un pareil tracas nous fait sans remède penser à l'histoire -"une histoire de l'histoire" la sous-titrait l'écrivain catholique francais Jean Madiran-, de "la Sapinière" nom d'emprunt du Soladitium Pianum, une société secrète (ecclésiastique) de dénonciation anti-,moderniste autant dire anti-allemande également- opérant dans l'Eglise sous le pontificat de Saint Pie X à la veille de la Première Guerre Mondiale, et découverte -dénoncée et démantelée- par initiative d'un catholique flamand, De Jonghe, ministre des Colonies plus tard et professeur à l'époque à l'Université Catholique de Louvain. La dénonciation de Fernand de Passelec fut suivie d'un mouvement de réactions en cascade a tous les niveaux de l'institution ecclésiastique monde à travers, débutant par la célèbre lettre-encyclique de Paul Andrieu, cardinal archevêque de Bordeaux (25 août 1926), qui trouva un écho immédiat chez le cardinal Mercier primat de Belgique, servant le tout de prélude a la condamnation pontificale (20 déc.1926), par laquelle le journal était mis dans l'Index  ainsi que les membres du mouvement et les lecteurs du journal, de même que sept des ouvrages de Maurras, dont certains étaient de nature strictement politique, tels que "Trois idées politiques", "La Politique religieuse" et "Si le coup de force est possible" (...) 

Le caractère politique voire de politique/religieuse -en expression chère a Maurras, de son propre crû- se vit accentué en Belgique du fait de la rivalité à l'échelle politique et électorale du mouvement rexiste avec le Parti Catholique (sic), seul cas connut au monde de ce mode de désignation d'un parti politique, qui ne faisait que souligner et accentuer le caractère atypique  et exceptionnel de catholicisme belge sur la corde raide -celle, en somme, du magistère ecclésiastique après la Révolution-, depuis sa naissance lors de l'indépendance de la Belgique- entre l'ultramontanisme et le catholicisme libéral- savoir, entre la protection canonique et toutes les bénédictions possibles et imaginables -et nihil obstat(s)- dont finit par jouir ce dernier, et la persécution déclarée, la mise à l'Index et excommunication ('latae" ou "ferendaei sententiae) des réacs "avant-la-lettre, soit des intégristes. Ce qui fait revêtir Degrelle, -tout ce qui précède, comme d'une glace où je n'aurai moi-même guère de la peine à m'y trouver- et c'est de tous les  traits d'un homme persécuté. Victime de persécution canonique, Léon Degrelle, la plus sinueuse et toxique des persécutions et je sais de quoi je parle, en effet. 

Ce qui explique tout, et sans quoi rien ne s'explique, ni de la trajectoire subséquente de Maurras , ni de celle de Leon Degrelle. Victime du catholicisme, le leader rexiste, du catholicisme à la française, et je me sens dans le devoir de m'expliquer. Car Ernst Nolte, son premier volume -consacrée à Maurras et à l'Action Francaise"- de sa trilogie "Le fascisme et son époque", il le le clôt -au sujet de la condamnation pontificale du mouvement royaliste et nationaliste française- avec une observation non dénuée de sens ma foi, et en guise de regret. Et c'est lorsqu'il se demande pour quoi ne lui valut-elle pas (à Maurras) la célèbre expression de Henri IV -protestant converti au catholicisme à l'occasion- "Paris bien vaut une messe"? (Savoir sa soumission -aveugle- aux diktats du Vatican et ses dicastères, d'une puissance et d'une influence majeures) 

Ce qui valut néanmoins (de son temps)  l'affrontement entre la France et l'Espagne catholique -dans la guerre des Trente Ans principalement-, offrant ceci toutes les apparences d'une (nouvelle) reprise des guerres de religion. Pris ou prisonnier d'un même dilemme -celui du catholicisme français- le catholique ("a la française") Léon Degrelle

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