La famille Hennedricks, fable ou métaphore de la famille au monde actuel, laissé por compte par excellence dans le phénomène de la globalisation? C’est ce qu’on est fortement tenté de conclure à la vue de ce film, à l’écran ces derniers jours dans les salles du centre de Bruxelles, et ceci devant le bruyant échec -tout à fait immérité soit dit en passant- de sa projection, dans une salle saisissamment vide -nul spectateur sauf moi-même, ma foi!-, la première fois où cela m’arrive depuis que je repris la fréquentation coutumière, dominicale, d’aller au cinéma et de me redécouvrir un goût et une pulsion cinéphile que j’ignorais, absorbé par ma passion littéraire, et sûr au contraire d’assumer toute une autre vocation, celle d’une âme de poète. Les Hennedricks donnent l’intrigue et l’argument a un récit (filmé) amusant à la limite du rocambolesque, et à la fois fatalement invraisemblable, qui aide à tenir néanmoins en haleine l’attention du spectateur, donnant ainsi la mesure de sa qualité et de son indéniable réussite, celle surtout de l’actrice qui joue le rôle de personnage principal, qui en est en même temps sa réalisatrice. Et ce qui frappe peut être le plus c’est le vide effarant pointé par des échecs successifs et par les situations impossibles -en marge même de la légalité parfois-, où se voient eux tous voués, pères et enfants, de par les efforts désespérés frôlant l’absurde de la mère, et c’est de sauver le foyer, et de garder ou sauver ainsi le sens de leur vie -la sienne et celle de leurs- à l’intérieur du cocon familial comme seule alternative. Le tout tempéré par l’attitude patiente et bienveillante à extremes de héroïsme du père de famille, sourire narquois aux lèvres en permanence en guise de contrepoint de sérénité à la tension ambiante qui préside la plupart des scènes. Tradition, Famile Proprieté, « Travail Famille Patrie » ce furent des slogans qui auront marqué et sillonné en frappant contraste les lignes maîtresses et des tendances dominantes- le devenir historique du XX siècle, ou la Famille figure de nexus d’union et de lien de continuité à la fois. Ce qui donne idée de l´ampleur et profondeur du vide qui lègue à l ‘humanité cette disparition que le film que nous abordons la Famille, réussit à acter opportunément. Comme disent les Belges, c’est déjà ça.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire