"Non, Juan, tu es Espagnol et tu ne peux pas comprendre", la phrase qui me revenait sans y penser, à la vue -hier- du film "Tirailleurs", à l'écran à Bruxelles ces derniers jours. Et elle était proférée par un de mes confrères, français, du Séminaire d'Ecône, lors de notre visite à Verdun, les vacances de Pâques, de l'an -quel loin déjà!-1975. Et il lui échappait certainement mon effort (sincère ma foi) d'empathie, dans notre parcours sur ces terrains glissants de la Mémoire. Memoria procellosa, l'avait appelé les Anciens. Ajouté néanmoins ceci -dans mon esprit- à ce qui n’était pas moins une vue du dehors (sic) de cette horrible tragédie, de ce qui ne fut pas moins une guerre civile européenne, une expression qui fit florès après l'avoir employée pour la première fois, l'historien allemand Ernst Nolte, qui fut mon ami. De "Suicide d'Europe" parla à son tour José Antonio Primo de Rivera. Son père -chef du Directoire Militaire pendant la Dictadura (1923-1930)- était d'une germanophilie notoire comme ce fut d'ailleurs celui de la (pratique) totalité de l'Armée espagnole alors. Et l'écho de cette distance, de cette vue du dehors -celle de l'Espagne et celle des Espagnols- frappa en pleine figure la personne du monarque Alphonse XIII (de Bourbon) lors de sa visite à Paris dans l'immédiate après-guerre, objet d'un accueil glacial pointé par des graffitis dans les rues contre "le roi Huhlan" (...) Et n'en parlons pas de l'isolement diplomatique de l'Espagne aux conséquences tragiques que l'on connait, qui s'en suivit.
Et Maurras lui même s'en fit l'écho au fil de ses réflexions, devant cette neutralité dont il faisait acte, et qui l'intriguait et qu'il ne comprenait pas, au point qu'il ébauchait en guise d’hypothèse "le germanisme en cul de sac" -de l'Europe méditerranéenne-, celui de l'Espagne et des Espagnols à titre d'explication, ce en quoi il n'avait pas tort, qu'à moitié seulement néanmoins, tel que je l'aurait expliqué dans plusieurs entrées de ce blog. Tant pis ou tant mieux, car cela nous aura privé de catharsis collective et nous aurait peut-être évité les horreurs d'une (interminable) guerre civile (*): et tant mieux si cela nous permet aussi, aux Espagnols d'aujourd'hui, d'offrir nos bons offices de médiation et réconciliation, en esprit d'amitié nationale et de camaraderie européenne. Et en revenant sur ce bon film de guerre, c'est ça justement qui nous frappe à première vue, comme une leçon des choses, celle que ce bon film nous jette a la figure, à moi et tous ceux qui comme moi auront eu trop la tendance a chanter la guerre de loin, et c'est justement de sa vue de tout près -que le film arrive a y projeter- de l'horreur des tranchées, des combats corps à corps et des corps déchiquetés dans les bombardements et des visages défigurées. Moraline bienpensante de trop, cela va de soi, et c'est à la gloire d'un Islam noir (qui n'est pas un Islam comme un autre, loin de là), et c'est sur le dos des soldats, officiers et sous-officiers français.
À remarquer surtout le second rôle d'un de ces jeunes officiers -chef de section-, fils de général, qui arrive à rendre vraisemblable et partant a nous transmettre ses efforts et son désarroi essayant d’obéir et de faire transmettre les ordres pour le mieux (voir photo) -"ici nous sont tous égaux, des camarades"- et le voyant éperdu dans ce m... à la fois, et qui arrive tout de même à les engager -tous ces tirailleurs (sénégalais et ouest-africains)- à prendre d'assaut cette colline, au prix de sa vie. Honneur sauf, peut-on donc honnêtement conclure à la fin de ce film, cathartique pour les uns -et comment!-, pour d'autres en échange quelque peu provocateur. De ce bon film de guerre, qui montre celle-ci telle qu'elle est, et dans toute son horreur, et -dans le revers de la médaille- ce qu'elle a d'exutoire des frustrations le plus intimes, et de détonante d'énergies cachées -et insoupçonnées- dans l'individu et dans l'ensemble du corps social, de l'ensemble de la Nation (dans la victoire comme la défaite, tel que le pensait et avait essayé de faire la base de sa politique et de stratégie le maréchal Pétain)
(*): On peut faire le constant entretemps que l'anarchisme, casus belli numéro un (ou deux) de la guerre civile espagnole et grand fléau de la Belle Époque, disparut en France comme par enchantement, suite à la guerre du 14-18
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