jeudi 9 février 2017

FILLON, L'EXTRÊME DROITE ET MAI 68

Il se dresse depuis toujours une barrière presque invisible entre moi et ce que l'on convient d'appeler en France l'extrême droite. Et c'est bien l'héritage -et le souvenir (personnel en ce qui me concerne)- de mai 68. En octobre 94, cela fait maintenant plus de vingt-deux ans (déjà!) j'avais été interviewé pour un programme de réality show en TF1 qu'animait alors un Jean Marc Morandini tout jeune, accompagné d'Amanda Lear à cette occasion. Sous une rubrique pour le moins sensationnaliste -« des tueurs »-, et après avoir été au préalable sélectionné parmi d'autres qui avaient fait entendre aussi leur témoignage. Parmi le public assistant au programme se trouvait l'écrivain Alphonse Boudard -décédé quelques années plus tard-, qui à la fin de mon intervention avait été interrogé par le présentateur à mon sujet, à quoi il avait répondu dressant une comparaison entre mon cas et un autre, peu connu, d'une figure de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale en France, Paul Colette, qui pendant l'Occupation, tout jeune alors, avait commis un attentat contre deux figures marquantes de la Collaboration, Pierre Laval et Marcel Déat, en pleine rue à Paris -blessant légèrement le premier des nommés- et qu'à la Libération avait été réhabilité et élevé au rang de héros de la Résistance sans qu'il soit devenu clair jusqu'aujourd'hui néanmoins quels étaient les vrais motifs de son acte. Quoiqu'il en soit, la comparaison que s'était permise Alphonse Boudard pour mon compte m’avait flatté, à commencer de par le ton bienveillant et acquiescent de ses paroles. Également, à la fin de mon intervention, Jean Marc Morandini m’avait soumis à une sorte de plébiscite auprès du public (jeune) présent dans le plateau, qui avaient voté largement, mains levées, que je pouvais rester avec eux jusqu'à la fin du programme. Et ce fut là, pendant cet interview que je rendus mon témoignage de mon expérience du mai 68 espagnol, une phénomène plus violent encore d'une certaine manière que sa version originelle française. Et je déclarai alors devant les caméras que je m'étais senti traité alors comme un pestiféré (sic) à l'univ à Madrid rien que pour défendre des idées qui était en somme celles que j'avais héritées de mon entourage et en particulier de mon père. Et c'est sans doute par là, par ce refus net que produit alors en moi les soixante-huitards, que j'arrive à accrocher davantage sur certains points avec la droite gaulliste (ou neo gaulliste) qu'avec l'extrême droite qui était alors parti en débandade pour ainsi dire. Me sentant beaucoup plus prés, oui, de la grosse manif du 30 mai au Champs Elysées (voir photo) pour tout dire. « En mai, fais ce qu'il te plaît » se voyait glosée dans une biographie de Jean Marie Le Pen l'attitude de ce dernier pendant les événements alors, qu'il avait tranquillement  suivis avec sa femme et ses filles par la télévision. Et c'est ce qui me fait tendre maintenant l'oreille à un groupe qui vient de se faire entendre en défense de la candidature de François Fillon et qui finissent leur déclaration publiée dans la presse écrite par un appel à liquider (sic) mai 68 et son cortège d'inepties qui ont fait basculer la France (sic) dans la dépression, la crainte et la repentance. Cent pour cent d'accord (sans être Français pour autant)

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