mardi 28 février 2017

LEOPOLD STORME ET ANDRAS PANDY

Léopold Storme (photo) vient d'être remis en liberté conditionnelle. D'aucuns sont choqués qu'il n'en ait accompli qu'un tiers de la peine. D'autres par contre se sentent interpellés par le fait qu'il fut condamné sans aveu, et qu'il n'ait jamais exprimé par la suite le moindre remords, et aussi par le fait que le ministère publique ait renoncé a se pourvoir en cassation contre sa mise en liberté, sans bracelet d'ailleurs. Jouissant toujours par ailleurs du soutien indéfectible d'une partie de sa famille la plus proche. Moi aussi tout cela m'interpelle. D'autant plus que je crois pouvoir me prévaloir de connaître un peu le monde de crime sans y faire partie le moins du monde, et sans avoir fait des études de criminologie au préalable, par le simple fait de la cohabitation forcée dans une prison de haute sécurité, Vale de Judeus, au nord de Lisbonne (juin 1983-novembre 1985) Je m'y vis obligé en effet a cohabiter -dans les préaux, dans les salles à manger, dans les files de l'infirmerie, dans les lieux de travail à l'intérieur de la prison- avec des détenus condamnés à des peines très lourdes, certains d'entre eux appartenant au monde du grand banditisme, certains condamnés pour des crimes de sang, et même ceux considérés très dangereux qui occupaient un quartier a part de la prison, j'eus l'occasion de les croiser là-dedans à plusieurs reprises. Je ne dis pas que le vieux dicton -le visage, miroir de l'âme- s'accomplisse toujours, n’empêche je crois avoir acquis de cette époque de ma vie une certaine expérience de visages et de physionomies du monde du crime et du grand banditisme. Or, je regarde une et autre fois les photos de ce jeune de vingt-six ans qui vient d'être libéré et je n'y vois rien, rien en tout cas de toutes ces atrocités qu'on lui refila et qui font de lui un des cas les plus retentissants de l'historie du crime en Belgique.

C'est une sensation un peu analogue -je l'ai déjà avoué dans d'autres lieux d'ailleurs- à celle que j'éprouvai devant Andras Pandy, avec qui je m'étais croisé dans les couloirs ou coïncidant tous les deux dans les cellules d'attente de la prison de Forest en mai 2000 lorsque je fut arrêté devant le Palais Royal lors de la visite du roi Juan Carlos. Toutes ces horreurs qu'on lui colla dessus, propres de Jacques l’Éventreur et des cas de série-killers les plus célèbres de l'histoire du crime (...) Sans qu'on ait jamais trouvé la moindre preuve -ni d'ossements ni d'acide ou que sais-je-, et sur base à une instruction entamée nota bene du temps du régime communiste en Hongrie, le pays dont il était originaire, et dont il s'était enfui (à ses risques et perils) (....) On avait du mal, ma foi, a imaginer toutes ces atrocités en le regardant. Il ne mangeait que des pommes (...) Et c'est cela le souvenir -outre un regard inoffensif- qui m'était resté du célèbre pasteur hongrois, mort en prison clamant son innocence, qui ne fit jamais lui non plus le moindre aveu de quoi que ce fut.

Les erreurs judiciaires, son-t-elles inséparables de l'histoire de la administration de Justice ? Sans doute. Sont-elles plus graves ou irréparables pour autant que les condamnations pour des faits avérés réels -des faits accomplis ou au dégrée de tentative simplement- qui ne touchent pour autant le moins du monde l'esprit (ni le cerveau) de ceux les ayant accomplis? L’énigme que ces derniers posent n'est pas moindre quoi qu'il en soit. Même pour propres intéressés, et je sais un peu de quoi je parle

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